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Le physiologiste sud-africain Tim Noakes expose dans son ouvrage "lore of running" une hypothèse qui remet en cause une approche purement énergétique de la fatigue et accorde au cerveau le rôle central "gouvernor".
A chaque instant de l'effort, il revient au cerveau de décider s'il doit maintenir ou non le niveau de sollicitation auquel est soumis l'organisme. Cette décision est prise en fonction des diffèrentes informations qui lui parviennent de l'ensemble de l'organisme et jugées compatibles à terme (ou non) avec la survie de l'individu.
Au début, l'idée du "central gouvernor" de tim Noakes a été accueillie avec scepticisme par la communauté des spécialistes. Aujourd'hui, elle est en train de rallier de plus en plus de monde et de nouveaux travaux lui apportent sans cesse plus de crédit.
A l'institut de recherche KHU en Finlande, le professeur Heike Rusko se passionne pour les courses de demi-fond en athlétisme. Son travail consiste notamment à analyser très précisément l'évolution des vitesses de course. Il a observé ainsi que sur les distances courtes (jusqu'au 800m), les vitesses les plus élevées étaient atteintes au début du parcours, juste après la phase d'accélération. A la suite de quoi l'allure diminuait progressivement jusqu'à l'arrivée.
Sur les distances supérieures, en revanche, la vitesse moyenne est mieux régulée de manière à assurer une certaine réserve d'énergie pour l'emballage final. Très souvent, les coureurs sont encore capable d'accélérer au passage à la cloche. Tout se passe comme si chaque athlète était doté d'une sorte d'ordinateur cérébral chargé d'intégrer à tous les moments les signaux de détresse en provenance du corps et la quantité d'activité restant à produire, pour ajuster l'allure en fonction de ce qu'il sera capable de supporter comme souffrance.
Rusto a passé ainsi en revue les différents records du monde sur 5000 mètres pour s'apercevoir que le premier et le dernier kilomètre sont toujours courus plus vite que les segments intermédiaires (du 2 au 4 kilomètre). Afin de mieux comprendre les mécanismes de cette gestion extrêmement fine de l'effort, les chercheurs finlandais convièrent 18 volontaires à effectuer un test sur 5000 mètres. Bien entraînés, ceux-ci couraient la distance en 17 minutes environ. Juste après l'effort, il leur proposait un deuxième test pour mesurer la vvitesse maximale et la force des membres inférieurs. Chez l'ensemble des coureurs, ces paramètres chutaient évidemment par rapport aux performances de repos. Mais tous étaient encore capables de produire des efforts très intenses alors qu'on aurait pu soupçonner qu'à ce moment-là ils étaient au bout du rouleau. Cela signifie qu'ils auraient pu courir le 5000 mètres encore plus vite, mais que leur contrôle cérébral les en empêchait pour éviter toute fatigue prématurée. Et si c'était cela la particularité des champions, une capacité exceptionnelle à se mettre en danger?