Dopage l'affaire BALCO

Bienvenu aux drogués en folie, département des stéroides

Avec sa moustache fine comme un trait de crayon et son sourire de petit garçon, Conte ne ressemble en rien au patibulaire Pablo Escobar des stéroides auquel de nombreux journalistes se sont plus à comparer. Ses trois co-accusés connus sous le nom des quatre de chez BALCO évoquent encore moins des criminels endurcis. L'associé de Conte chez BALCO, Jim Valente, est un homme d'affaires à la voix douce et un père de famille. Quand aux deux autres membres du quatuor, il s'agit de l'entraîneur d'athlétisme Remi Korchemmy et de Greg Anderson, entraîneur personnel. On est assez loin du cartel de Medellin.

D'après le zèle apporté par le ministére de la justice pour instruire cette affaire, on pourrait croire le contraire. On a assisté à l'une de ces interminables instructions tatillonnes-motions innombrables, dénonciations de fausses preuves, témoins célèbres, fuites concernant les dépositions devant le grand jury, renvoi des juges, déballage de rumeurs- tous les débordements sordides d'une enquête fédérale qui ne connait plus de limites et part dans tous les sens.

Puis soudain, le 15 août, des semaines avant l'ouverture du procès de l'affaire BALCO, un arrangement à l'amiable avec la justice est annoncé. Conte a reconnu avoir fourni illégalement des stéroides anabolisants et blanchi de l'argent sale. Pour ceux qui font les comptes, cela signifie que seuls deux chefs d'accusations sur 42 ont été retenus par le ministére public-un chiffre ridicule et humiliant, quel que soit l'angle sous lequel on le considére.

Pour Conte, l'essentiel est qu'il n'est pas obligé de coopérer avec les autorité ni d'apporter son soutien à aucune des enquêtes relatives à l'accusation. Il a certe proposé d'aider les autorités sportives à faire la lumiére sur les tréfonds du monde du dopage, mais il refuse tout net de divulguer des secrets sensibles à la justice afin de ne pas menacer la liberté d'autres suspects potentiels dans cette affaire criminelle. Si la juge Ilston approuve cet arrangement, cela signera effectivement la fin de l'aspect judiciaire de l'affaire BALCO. Toutefois,  Conte n'en est qu'à ses débuts.

Un double biceps, mais pas d'aveu .

Contraîrement aux trois autres membres des quatre de chez BALCO, qui privilégient le silence et les sorties discrètes du tribunal, Conte , bravache et plein d'aplomb à la fois , jouit de l'éclairage médiatique. Il a pris la mesure du spectacle et a décidé que la meilleure défense est l'attaque.

Voici un moment qui résume bien l'attitude de Conte dans cette affaire: une photo de lui prise sur les marches du tribunal fédéral; vétu d'un costume noir, tout sourire, il exécute un double biceps de face.

C'est un moment théâtral, mais qui a valeur de commentaire. Dès le début, il s'est moqué de l'ardeur de l'accusation et s'est irrité des gigantesques moyens déployés contre lui, disproportionnés selon lui par rapport aux chefs d'accusations.

Au fur et à mesure du déroulement de l'affaire, Conte est toujours resté très attentif aux fuites en provenance du tribunal de grande instance révélées dans la presse, en particulier le San Francisco Chronicle. Conte est même allé jusqu'à s'entretenir avec le célèbre journaliste britannique Martin Bashir afin d'apporter son grain de sel. Cette entrevue a été diffusée à la télévision américaine le 3 décembre 2004: Conte y affirme que la star de l'athlétisme, Marion Jones, avait fait usage de dopants.

Dans un article de ESPN The magazine auquel il a collaboré, Conte affirme à nouveau que Jones utilisait des stéroides anabolisants et de l'hormone de croissance. Cette dernière a nié avec force et constance ces allégations- elle est même passée au détecteur de mensonges. Cela dit , il est évident que Conte a joué un rôle important dans sa vie. Quand l'affaire a éclaté et que le nom de Jones s'est trouvé associé à celui de de BALCO, la star de l'athlétisme a comencé par déclarer qu'elle avait eu peu de contacts avec Conte . Les lecteursde FLEX ne sont pas dupes, dans le numéro de septembre 2001 de l'édition americaine de FLEX, Jones apparait dans un reportage exclusif soulignant ses rapports avec le monde du culturisme.

Sous la direction de son mari de l'époque, CJ Hunter. Cet intelligent lanceur de poids à la stature imposante dirigeait la jeune athlète depuis ses débuts alors qu'elle n'était qu'une obscure basketteuse de l'université de Caroline du Nord. Lors de cette interview/séance de photos était également présent Milos Sarcev, vétéran du bodybuilding professionel qui consultait souvent Conte afin d'établir des programmes d'entraînement pour ses clients. L'un de ces clients, un sprinter peu connu nommé Tim Montgomery, se trouvait sur les lieux à cette occasion.

Programme pour un record du monde.

Garçon prometteur et maigrichon de Caroline du Sud, Montgomery a bénificié de l'ambitieux programme de Conte, le Project World Record. En 2001, Conte avait rassemblé une équipe idéale d'experts en nutrition et en entraînement destinée à transformer ce sprinter de niveau moyen en coureur le plus rapide du monde. Dans l'équipe se trouvait Charlie Francis, ex-coach du coureur olympique déchu Ben Johson, malgré tout toujours populaire parmis les champions d'athlétisme. Conte a soumis Montgomery a un programme nutritionnel très strict dont le contenu pourrait intéresser tous les clubs d'athlétisme de la planète. Montgomery était-il Eliza Doolite ou le monstre de Frankenstein? En tous cas, le résultat fut probant: en pulvérisant le record mondial le 14 septembre 2002, il est devenu l'homme le plus rapide du monde.

Qu'est-ce qui a permis à Montgomery de prendre 9 kg de muscle? Cela a fait l'objet d'une des enquêtes du tribunal d'accusation tout en intéressant fortement le CIO, l'organisation mondiale antidopage et la fédération américaine d'athlétisme. En fait , l'agence américaine antidopage demande une suspension à vie pour Montgomery.