La santé une idée qui évolue

25.05.2010

Quand la santé va, tout va! Les proverbes de tous les pays du monde l'attestent sur tous les tons: il n'est pas de plus grande richesse que la santé. Chaque civilisation et chaque culture se fait pourtant sa propre idée de la santé. En Occident la notion la plus communément admise est l'idée d'absence de douleur, d'état confortable. La santé se définit comme une absence de maladie, un état de bien-être, une victoire sur le mal.

En Orient, l'idée qui prévaut est plutôt celle d'équilibre, une harmonie par rapport à un ordre général de l'homme dans son environnement. En Occident la santé se définit négativement par rapport à la maladie, en Orient elle est une chose en soi. Il est évident que chaque notion est l'expression de son contexte culturel, économique et religieux. Au Moyen Age en Occident, il était couramment admis que certaines infirmités exprimaient un châtiment divin. Plutôt que de guerir, il s'agissait avant tout d'expier sa faute en attendant l'heure de la mort. En Orient en revanche, lorsqu'elle est perçue comme une fatalité, la maladie s'expliquait par le concept de karma par exemple. Contrairement à l'occidental, l'oriental pouvait donc compter sur une amélioration qui surviendrait dans une vie prochaine.

Mais les divergences de sensibilités religieuses ne sont pas les seuls facteurs de différences. Dans nos pays occidentaux, l'accroissement du niveau de vie, les progrès réalisés en matière d'hygiène et le développement des pratiques médicales ont largement contribué à faire évoluer la notion de santé et les exigences qui en découlent. Nous assistons à des progrès sur le plan de la longévité qui s'accompagnent également de nouvelles attentes en matière de bien-être dans son corps.

De ce fait, être en bonne santé aujourd'hui ce n'est plus seulement n'être atteint d'aucune maladie, c'est aussi se sentir en forme, faire preuve de vitalité. Cette idée plus qualitative de la santé a été largement nourrie et influencée par les revendications d'ordre écologique et par le développement de médecines dites "douces" ( homéopathie, oligothérapie, organothérapie,etc..). Paradoxalement donc, l'idée de santé évolue dans le sens d'une grande exigence d'équilibre général et d'harmonie, alors que la médecine moderne semble encore attachée à la logique qui l'à fondée: s'attaquer avec acharnement à la maladie elle-même, privilégier la partie plutôt que le tout. Il en résulte une insatisfaction globale vis-à-vis d'une certaine pratique médicale qui semble oublier le sens de la vie. Ce mécontentement prend sans doute sa plus grande acuité aux approches de la mort avec la question délicate de l'acharnement thérapeutique. Faut-il maintenir une personne en vie qu'elles qu'en soient les conditions? Une telle question est l'aboutissement d'une certaine logique poussée jusqu'à l'absurde: la victoire sur la maladie peut se faire au détriment du malade.

La question du but ultime de la vie et les choix de son déroulement appartiennent à la conscience de chacun. On peut cependant constater que de nos jours en matière de santé, de nouvelles exigences apparaissent. Cela se traduit d'abord par une demande grandissante d'informations: Les gens ne veulent plus être soignés malgré eux et refusent que le corps médical officiel soit le seul apte à tenir un discours sur leur propre corps. Mais cela se traduit aussi par des exigences d'une nouvelle nature: la notion de santé ne se limite plus à l'idée d'absence de maladie. Santé et qualité de la vie désormais se confondent. Il ne suffit plus de savoir que l'on peut être guéri en cas de maladie, aujourd'hui on veut aussi apprendre à ne pas tomber malade.